Lomé, 27 juin 2025 — Une scène choquante s’est déroulée en direct sur TikTok : un jeune militant togolais, animateur du compte “À mon avis”, a été brutalement enlevé par des forces cagoulées, en pleine diffusion live. Cette arrestation, qui a bouleversé des centaines de spectateurs, marque une nouvelle escalade dans la stratégie de répression du régime en place.
Une opération ciblée, brutale, et planifiée
Vendredi 27 juin, plus de 50 hommes lourdement armés, vêtus de noir et cagoulés, ont fait irruption dans le domicile du jeune militant. Avec eux, des véhicules, des motards et une violence inouïe. Non seulement lui, mais également son petit frère et une parente ont été emmenés vers un lieu inconnu. Ce n’est que plus tard qu’on apprendra leur transfert à la DCPJ (Direction Centrale de la Police Judiciaire), avant une disparition vers un autre lieu de détention clandestine.
Un témoignage glaçant de torture
Le récit est insoutenable. Suspendu toute une nuit, cagoulé, privé d’oxygène, torturé sur une chaise électrique. Durant plusieurs jours, le jeune homme a subi des sévices physiques et psychologiques, privé de nourriture pendant quatre jours. Le cinquième jour, il aurait fait une crise avant d’être finalement transféré à la prison civile de Lomé.
Les révélations de Ferdinand Haï
Le journaliste d’investigation Ferdinand Haï, qui suit de près la situation, a diffusé une vidéo dans laquelle il dévoile les dessous de cette arrestation. Il parle d’une véritable stratégie de terreur mise en œuvre par le régime togolais : “Arrêter un pour faire peur aux autres.”
Il publie aussi une liste de onze personnes visées par un mandat d’arrêt international, toutes considérées comme des voix dissidentes :
- Olivier Ama (ancien officier en exil)
- Zaga Bambo (alias Togbevic)
- Odako TV
- Ferdinand Mensah (le journaliste lui-même)
- Soji Yao (alias Kojovitoga)
- Maître Akila Esobo (ex-ministre en exil)
- Kofi Yamnan (résidant en France)
- Pétré Néamark
- Mathieu Gnassimbe
- Dartefaj Bénissant (alias Raoul le Blanc)
- PC Agan
Haï affirme qu’il s’agit d’une première vague, et qu’une deuxième liste est en cours de constitution, à remettre à Interpol via la DCPJ.
Une surveillance numérique massive
Autre révélation inquiétante : la présence d’experts israéliens à Lomé travaillant avec le logiciel espion Pegasus, connu pour intercepter appels, messages, et mouvements numériques. Le régime investirait des milliards dans la surveillance numérique au détriment des priorités nationales : routes, hôpitaux, bourses étudiantes.
Selon Ferdinand Haï, même les téléphones Android ne sont plus sûrs, et il recommande de revenir à des appareils non connectés pour protéger sa vie privée. Les forces de sécurité seraient dotées de dispositifs permettant d’espionner des quartiers entiers à distance.
Climat de peur avant les manifestations des 16–17 juillet
Les manifestations prévues à la mi-juillet suscitent déjà des tensions extrêmes. Les casernes ont été consignées, les militaires maintenus en alerte permanente. Le ministre de l’Administration territoriale, le colonel Awaté, aurait même été hospitalisé à la suite d’une crise de nerfs.
“Le pouvoir peut tomber à tout moment,” aurait-il été confié à certains éléments des forces de l’ordre.
Des fonds introuvables, un pays en détresse
Malgré l’immense investissement dans les dispositifs de répression, le Togo aurait récemment sollicité 38 milliards de francs CFA auprès du FMI, entraînant des mesures antisociales comme la hausse du carburant, de l’électricité et de l’eau. Pourtant, selon Ferdinand Haï, ces fonds pourraient être récupérés à l’interne, notamment dans les secteurs étatiques comme le port autonome ou la LONATO.
Un appel à la diaspora et aux citoyens
Ferdinand Haï conclut son intervention en appelant les Togolais, en particulier ceux de la diaspora, à la prudence maximale :
“Le régime vous suit à la trace. Évitez les escales en Afrique de l’Ouest. Ne sous-estimez pas leur capacité à vous localiser, à vous enlever, et à vous faire taire.“
Il met en garde contre les voyages vers le Togo ou même les transits via certains pays liés au régime. La peur, selon lui, a changé de camp, et ce climat de tension annonce des temps incertains.
Une page d’histoire en train de s’écrire
Malgré la brutalité, les tortures, la surveillance généralisée et la répression ciblée, Ferdinand Haï insiste : la vérité finira par triompher.
“Aucun régime n’est éternel. Le peuple togolais est en train d’écrire une nouvelle page de son histoire.“